Ernesto BOZZANO
Ernest Bozzano naquit en 1862 à Gênes. Quatrième de cinq garçons,
issu d’une famille aisée, cet enfant précoce n’eut de cesse de s’instruire
et d’étudier. Dès l’âge de trois ans il apprenait à lire en se
servant d’un livre d’histoire.
La bibliothèque de l’université de Gênes fut son lieu de
prédilection où il étudia la littérature italienne et plus précisément
la poésie. Mais sa quête de savoir ne se limita pas au domaine littéraire.
La psychologie, la philosophie, la physiologie, les sciences naturelles,
l’astrologie, la paléontologie complétèrent son champ d’investigation alors
qu’il n’avait pas encore atteint sa quinzième année. C’est alors que son père mit
fin à cette soif d’apprendre en mettant un terme à ses études. Mais comme un leitmotiv,
une question hantait son esprit : le mystère de la vie, la personnalité humaine et le
but de l’existence.
Il chercha les réponses dans les diverses écoles philosophiques et de
1881 à 1891, il passa au crible tous les courants philosophiques allant de Platon à
Lotze en passant par Sosmini et Gioberti. Mais cette approche ne le satisfit pas ;
elle ne put dissiper, en lui, le doute car tous les préceptes de la
philosophie reposaient sur des postulats.
C’est alors qu’il eut connaissance du système philosophique d’Herbert SPENCER
qui donnait une explication scientifique du problème de l’existence au travers
d’une convergence des différents domaines de la connaissance humaine. Il devint ainsi
l’ardent défenseur des théories évolutionnistes.
Compte tenu de ses convictions de l’époque,
il ne pouvait que juger négativement la phénoménologie paranormale qui commençait à être
à la mode à la fin du siècle passé. C’est pourquoi il s’étonnait que des gens instruits
puissent croire en l’existence de l’âme et à sa survivance.
Mais quelques articles, parus dans la Revue Philosophique, réussirent,
après une période de troubles, à susciter en lui un intérêt croissant pour la
cause paranormale et à le détourner des théories positivistes. Mais ce furent surtout
la lecture de deux ouvrages « Pantasms of the Living » (fantômes des vivants) de Gurney
et « Animisme et Spiritisme » d’Alexandre Aksakof qui déclenchèrent en lui ce que l’on peut
qualifier d’aventure de la recherche psychique.
C’était aussi compter sans les manifestations spirites qui lui
parvinrent de façon inopinée sous la forme de deux messages.
Le premier message lui fut transmis par sa mère à qui il adressa mentalement
une demande. La réponse, que lui seul put interpréter, lui fut donnée par le biais
d’un médium à écriture automatique : « Je suis contente de toi. Continue ta marche
sur le noble chemin sur lequel tu t’achemines ; ceci est ta mission sur
cette terre. Je t’embrasse ! »
Le second message est lié au premier. A l’âge de dix huit ans, il rencontra
un médium lors d’une course en montagne qui lui transmit : « Je te vois très âgé, dépassant
les soixante-dix ans… Soixante-seize et ensuite je ne vois que du noir !
Actuellement tu es fiancé avec une demoiselle qui n’est pas de notre pays, toutefois,
tu ne l’épouseras pas. Tu ne pourras pas l’épouser car elle se mariera avec quelqu’un
d’autre…Tu étudieras la vie… Tu écriras un grand nombre de livres ; tu les
écriras sur des arguments qui sont de même nature que ceux qui font que je te parle
ainsi, en ce moment… Tu deviendras l’apôtre d’un grand idéal spirituel à la suite de nombreux livres
que tu écriras ; toute ta vie sera vouée à un grand idéal sublime et spirituel,
car une famille te manquera ! »
Tout se réalisa avec une extrême précision et la vie de BOZZANO fut tracée.
Pendant 30 ans, Ernest BOZZANO classa, sous forme de fiches,
tout ce qu’il lut et étudia en terme de phénomènes spirites et animiques.
C’est au travers des 3000 volumes de sa bibliothèque qu’il put ainsi recenser
l’ensemble des manifestations rapportées dans le monde. Cependant, BOZZANO attendit
9 ans pour écrire son premier ouvrage « Spiritualisme et Critique Scientifique ».
Grâce à ce travail énorme, le monde scientifique, partisan ou non, reconnut
sa notoriété dans le domaine de la phénoménologie spirite. Mais malgré ce méticuleux
travail de recherche et de compilation qui l’occupait énormément, il ne négligea pas
pour autant l’expérimentation. Il participa à de nombreuses séances au « Circolo Minerva »
de Gênes avec le médium Eusapia Palladino, puis près de « Savona » chez le marquis Centurione
Scotto, où il expérimenta les phénomènes de voix directe. Il écrivit alors, en tant que Directeur
de séance, le détail de ces séances dans la revue « Lumière et Ombre » qui firent l’objet d’une
publication dans un ouvrage. Il correspondait avec les plus grands chercheurs sans jamais participer
personnellement aux différents congrès nationaux et internationaux et c’est ainsi que ses publications
parurent dans les revues anglo-saxonnes.
Par ailleurs, Ernest BOZZANO fut un ardent défenseur
de la cause spirite et c’est pourquoi il polémiqua pour faire taire ses détracteurs.
Ce fut en premier lieu, avec le professeur MORSELLI lors de la publication des deux volumes :
« Psicologia e Spiritismo». Puis ce fut au tour du professeur William MACKENZIE pour son livre :
« Metapsichica Moderna ». Le troisième fut le professeur Lambert à la suite de séances de voix directes,
et enfin ce fut au tour de René Sudre. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’Ernest publia
« Per la difensa delio Spiritismo » qui paru en France sous le titre
« A propos de l’introduction à la métapsychique humaine »
C’est en 1929 qu’il rencontre Gaston de Boni, avec lequel il se lia
d’amitié et à qui il légua la totalité de sa bibliothèque.
Des problèmes de santé et des soucis financiers ne lui permirent pas une fin de
vie paisible. Il s’éteignit à l’âge de 81 ans en 1943 avec l’intime conviction
que toute la phénoménologie paranormale n’était pas liée à
l’aspect biologique de l’homme mais à sa partie psychique.
source : Centre Spirite Lyonnais