Augustin LESAGE
Il était une fois…
Ainsi pourrait commencer la fabuleuse histoire d’Augustin Lesage.
Il naquit le 9 août 1876 à Saint-Pierre-Lez-Auchel.
Tout a commencé au matin du 1er mars 1911, dans une mine du Pas-de-Calais
où Augustin était mineur et ce jour là, à l’écart de ses camarades dans une
alvéole où, après avoir creusé et frappé durant deux heures,
il s’accorda une petite pause pour se désaltérer.
Soudain, un grondement se fait entendre. Il pense au bruit d’un wagonnet puis se
remet au travail. Il lève son pic quand une voix, semblant provenir du plus profond de la terre dit :
« Peintre ! tu seras peintre »
Surpris, il en laisse tomber son outil, pourtant il est seul et il a bien entendu
cette voix.
Il pense, sur le coup, être devenu fou et reste immobile un long moment.
La voix retentit de à nouveau : « un jour, tu seras peintre »
il se garde bien d’en parler une fois remonté, craignant de passer pour un fou.
Le temps passe et la vie a repris ses droits.
Malgré tout, il n’arrive pas à croire à cette révélation.
Un an après, un de ses camarades, alors qu’ils étaient réunis dans un café,
se met à parler de spiritisme, il faudra toute la détermination de son ami
Ambroise Leconte pour convaincre Lesage d’aller à la rencontre de Monsieur Jean Béziat,
un guérisseur qui donnait des conférences sur le spiritisme.
Il donne à Augustin Lesage des explications sur le sujet et lui remet 2 livres :
"Après la mort » et « Jeanne d’Arc Médium".
Il participe alors à des séances spirites et reçoit un message lui confirmant ce qu’il avait déjà entendu :
« Sois sans crainte, suis bien mes conseils. Oui, un jour tu seras peintre
et tes oeuvres seront soumises à la science. Tu trouveras cela ridicule dans
les débuts. C’est nous qui guideront ta main. Ne cherche pas à comprendre.
Surtout suis bien nos conseils. Tout d’abord, nous allons te donner par l’écriture le
nom des pinceaux et des couleurs que tu iras chercher chez M. Poriche à Lillers.
Tu trouveras chez lui tout ce qu’il te faudra. »
Il se procure donc les tubes de couleur et des pinceaux.
Quand il se trouve face à la toile, il ressent comme de la vie
dans son pinceau, son sujet prend rapidement tournure.
Il avait reçu une grande toile dont il ne se rappelle même plus la commande,
il avait voulu la découper quand sa main se mit à trembler au moment où il prit les ciseaux.
Commençant à prendre l’habitude, il comprit qu’il devait se mettre en écriture, il s’exécuta et sa main écrivit :
« Ne découpe pas la toile, elle se fera, tout s’accomplira ».
c’est ainsi que débute l’extraordinaire aventure d’Augustin Lesage qui durera 40 ans
avec la réalisation de 900 tableaux absolument stupéfiants.
Sans renoncer pour autant à son emploi, ni à sa modeste demeure,
il accomplira sa mission avec beaucoup de conviction.
C’est avec empressement qu’il se met à peindre après avoir passé 12 heures
d’un travail épuisant au fond de la mine.
Il dira cependant que la fatigue s’envolait comme par enchantement lorsqu’il se
mettait à peindre, même trois heures durant, sans arrêt.
Il découvrit également qu’il possédait le don de guérison.
Les nouvelles se colportent très vite et le nombre de patients croît de manière spectaculaire.
Sur conseil des esprits, il abandonne son activité professionnelle
et renonce même à la peinture pour un temps.
Les malades défilent en grand nombre et les médecins le poursuivent en justice
pour pratique illégale de la médecine.
30 personnes seulement sont admises pour témoigner, il est acquitté le 14 janvier 1914
et prédit même au Président du Tribunal qu’il viendra le voir,
ce qui se réalisera quelques mois plus-tard en août 1914.
La première guerre mondiale éclate et il est mobilisé en 1916 dans les mines et se
retrouve dans la région d’Auchel qu’il ne quittera plus jusqu’à la retraite.
Il expose, pour la première fois à Paris en 1925, à l’âge de 47 ans
et connaît un énorme succès.
Il expose en 1928 aux côtés de Picasso, au salon des artistes français
et connaît encore un grand succès.
Les plus grandes sommités scientifiques et médicales l’installent durant
six semaines dans un laboratoire coupé du monde. Il va peindre cinq heures
par jour, devant neuf observateurs de divers pays.
Les expositions se succèdent et à partir de 1937, il devient comme obsédé par
la visite de l’Egypte.
Il peint alors « les moissons égyptiennes » et part
pour l’Egypte avec une vingtaine de toiles dont cette dernière. Il retrouvera dans
le tombeau d’un Egyptien appelé Mena, la même fresque dans ses moindres détails et fut
pris d’une profonde émotion en comprenant qu’il s’agissait d’une scène qu’il avait peinte
durant une vie précédente où il était Mena.
Il peint ses dernières toiles entre 1950 et 1953 avec difficulté
car il est devenu presque aveugle.
Le Président Roosevelt a fait l’acquisition de l’une des toiles
dont il ne séparera jamais.
Il s’éteint paisiblement le 21 février 1954.